Les pratiques collectives de collaboration sont peut-être la forme la plus importante de pratique sociale. Ce que nous faisons avec les autres et comment nous le faisons façonne notre vision du monde, nos priorités, nos valeurs, nos normes, nos communautés, nos sociétés ; comment nous participons à la solidarité.
Les habitudes individuelles de collaboration sont essentielles pour façonner nos vies - comment nous apprenons, comment nous grandissons, comment nous travaillons, comment nous gérons notre santé, comment nous agissons en tant que citoyens, comment nous nous amusons et apprécions la vie, comment nous surmontons les crises... ; comment nous assurons et développons la dignité de nos vies ; comment nous existons. Le « être et faire ensemble » résulte de l'interaction des habitudes et des pratiques. La façon dont nous interagissons pour collaborer façonne avec qui nous collaborons et pourquoi nous collaborons, et vice versa.
La CAA part de la réalité cognitive et sociale du « être et faire ensemble ». Nous devons prendre en considération aussi bien le potentiel que les limitations de nous, les humains, – notre mémoire, notre attention, notre énergie, notre capacité à faire face à la complexité mais aussi à l'ennui ; nos besoins mimétiques ; notre sensibilité au statut social et à la pression sociale ; notre besoin de donner un sens à notre vie et donc de nous sentir "spécial". Que nous avons tant en commun mais sommes aussi si différents. Ces limitations se reflètent dans nos façons de collaborer - de communiquer, de résoudre des problèmes, de mener à bien des projets, de nous entraider, d'organiser des processus, de faire des affaires ensemble...
Lorsque les gens collaboreront avec des symBots, ils développeront de nouvelles habitudes et pratiques de collaboration qui seront rendus possible par l'orchestration et l’accompagnement par les symBots. La CAA n'est rien d'autre qu'une combinaison de technologies sociales et numériques pour nous fournir des moyens supplémentaires de collaborer, nous libérant ainsi de ces activités qui ne sont pas propices à l'obtention des résultats pratiques qu'elles sont censées produire, ni à la création de valeur sociale.
Nous pouvons simplement rencontrer un groupe de personnes pour le plaisir, mais l'organisation des détails de cette réunion ne sera probablement pas particulièrement gratifiante. Nous pouvons organiser une réunion quotidienne de « scrum » avec des développeurs de logiciels pour se tenir mutuellement informés de l'avancement du développement, mais alors nous voulons nous concentrer sur l'essentiel pour optimiser notre travail, sans nécessairement vouloir rencontrer tous nos collègues à la machine à café, mais peut-être simplement discuter avec quelques-uns d'entre eux avec qui nous partageons d'autres passions. Et nous organiserons les deux types de réunions de manière très différente, mais aussi différemment d'un atelier collaboratif sur le "métamodernisme et le développement économique" avec des intervenants différents de différents pays et milieux ; ce dernier inclura des activités telles que mettre les "parties prenantes" d'accord sur le programme ; motiver les auteurs à contribuer des articles ; faire appel à des experts pour les examiner ; organiser des panels et des groupes de discussion ; rassembler tout cela dans un programme et le partager ; gérer les inscriptions ; organiser la logistique... ; c'est un travail difficile, que la plupart d'entre nous seraient heureux de déléguer.
La CAA nous libère, au moins dans une large mesure, de tout ce travail fastidieux en augmentant la collaboration par l'intermédiaire des symBots, et en augmentant progressivement cette partie sous-traitable à mesure que les symBots et l'écosystème des pratiques apprennent. Les identités étendues (conservées dans notre propre espace de données privé) nous permettront de prouver notre fiabilité et notre confiance. Apprendre les types d'engagements et les rappels incitera les personnes à tenir leurs promesses. Le "bon" timing et le rythme des interactions faciliteront un bon équilibre et une itération entre la pensée lente et la pensée rapide...
Pour utiliser une métaphore : depuis des milliers d'années, les gens se déplacent de Paris à Rome à pied et à cheval ; mais aller et revenir en un week-end fonctionne mieux avec un train de nuit ou un avion. La CAA est la technologie qui permet de se rendre rapidement de Paris à Rome, et inversement, au lieu de marcher, et de choisir entre prendre l'avion ou le train de nuit.
Nous avons tendance à surestimer notre liberté de choix. Que nous choisissons avec qui nous interagissons - nos conjoints, nos enfants, nos amis, nos collègues... - en accord avec nos visions du monde et nos valeurs. Que nous choisissons quelles normes nous respectons et lesquelles nous ignorons. Que nous collaborons de la manière dont nous le faisons parce que c'est ainsi que les choses fonctionnent. Après tout, nous sommes libres. Mais la réalité est plus complexe. Notre environnement social conditionne notre vision du monde et nos valeurs, car nous adoptons (souvent plus ou moins inconsciemment) les opinions de nos amis et collègues, car nous craignons la solitude, d'être ostracisés, de manquer d'opportunités réservées à ceux qui sont "dedans" et non à ceux qui sont "dehors". Nous utilisons des méthodes et des outils parce qu'ils sont déjà là, et personne n'ose les changer. Et la façon dont nous collaborons influence nos relations, la manière dont les décisions émergent. Nos valeurs résultent de nos attitudes, qui découlent à leur tour de nos comportements, car nous sommes engagés dans un processus permanent de maintien de la cohérence de notre "fiction de soi". Améliorer nos façons de collaborer n'est pas facile car le consensus par défaut dans un groupe collaborant est de conserver les pratiques établies.
Le premier avantage de décrire les symFlos dans un langage no-code de modélisation de collaboration, comme prévu par SymPlace, est de nous permettre (individuellement et collectivement) de prendre conscience de la manière dont nous collaborons en pratique, à quoi ressemblent nos processus, comment nous organisons notre temps (individuel et collectif), à quoi nous nous engageons (ou non), comment nous mobilisons notre énergie. Cette prise de conscience devient ensuite une compréhension plus profonde non seulement de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas, mais aussi de pourquoi c'est le cas, et d'identifier les opportunités de repenser et d'améliorer nos façons de collaborer. Les habitudes et les pratiques de collaboration deviennent elles-mêmes des objets de collaboration : les métaSymFlos, combinant différentes perspectives humaines, augmentées par des algorithmes avisés, nous permettent d'expérimenter avec différents modèles de symFlo pour un type d’activité, de les évaluer et de choisir les plus efficaces, puis de convenir, plus ou moins fermement, de les utiliser, du moins pendant un certain temps, comme nouvelle approche de référence pour mener à bien des projets en groupe, soit parce que l'efficacité et l'efficience sont cruciales, soit parce que la complexité inhérente à la diversité des membres et éventuellement les risques de conflit et / ou de coercition sociale indue doivent être atténués.
Les pratiques sociales incarnent les valeurs et les règles sociales. Les métaSymFlos incarnent donc la façon dont nous explorons ensemble les transformations, comment nous les gouvernons, comment nous décidons à leur sujet et comment nous incitons les membres de la communauté à s'y engager.
Tout cela est essentiel, car nos pratiques de collaboration collective et nos habitudes de collaboration individuelle ont un impact sur toutes les sphères de notre vie et de notre société. Elles portent implicitement nos visions du monde, nos valeurs et nos normes. En faisant évoluer nos façons de collaborer dans leur ensemble, nous changeons le monde.
Et cela concerne tout le monde. Cela touche à l’Humanité, notre entreprise commune.